À la recherche du catalogue perdu

Novembre 2016

Dans le cadre des recherches que j’effectue autour du personnage de Paul Soleillet, lors de l’écriture de mon livre Obock, j’obtiens un rendez-vous auprès de Liliana Huet, directrice des collections au département d’éco-anthropologie et d’ethnobiologie du musée de l’Homme pour me faire montrer les deux crânes d’Oromos récoltés par Soleillet en 1882, lors de son voyage au Choa.

Jean-Marc Elalouf, Paléo-généticien, et Liliana Huet, directrice des collection dans la réserve des crânes du Musée de l’Homme  © J.-J. Salgon.

Peu, après cette visite, sachant que je m’intéresse à Soleillet, Liliana me fait adresser par ses services des photocopies du livre des entrées du musée où sont listés les objets ethnographiques que Soleillet a déposés dans ce qui était à son époque le tout nouveau musée d’ethnographie du Trocadéro et qui deviendra en 1937 le musée de l’Homme.

Dans le même temps, je prends connaissance d’un article publié en 2001 par une chercheuse du musée de l’Homme, Géraldine Rassinier, qui me révèle l’existence d’un « Catalogue Soleillet » où l’explorateur a tenu un inventaire détaillé des objets rapportés d’Obock et de son voyage au Choa.

J’adresse aussitôt un mail afin de pouvoir consulter ce document mais malheureusement, le document ne se trouve plus au musée de l’Homme :

2018

Deux ans plus, tard, le projet de l’exposition Rimbaud – Soleillet. Une saison en Afrique est lancé et bien évidemment, nous décidons avec Hugues Fontaine, le commissaire de l’exposition, de montrer ce cahier. Dans notre esprit, il se trouve forcément, avec tous les objets ethnographiques rapportés par Soleillet, dans les réserves du musée du Quai Branly.

J’adresse donc un mail à cet établissement :

Hélas, les choses auraient été trop simples, et voici la réponse qui me parvient alors :

Dans la grande saga À la recherche du catalogue perdu, nous en sommes donc au tome 6 intitulé Soleillet disparu. Mais tout bon proustien qui se respecte sait que les choses n’en demeurent pas là et que vient ensuite le tome 7 intitulé Le Catalogue retrouvé.

Après quelques séries de mails adressés au musée de l’Homme, à la bibliothèque centrale du Museum et au musée du Quai Branly, mon insistance finit par payer puisque voici le mail qui me parvient un beau matin de l’an 2019 et qui me procure un bonheur aussi sensible que celui ressenti par le narrateur proustien quand son pied bascule sur les pavés inégaux de la cour de l’hôtel des Guermantes :


Avec Hugues Fontaine, nous ne tardons pas à obtenir un rendez-vous et nous voici tout deux dans les réserves de la bibliothèque du musée du Quai Branly, devant cette petite merveille enfin exhumée, un cahier manuscrit de 50 pages avec le nom de Soleillet sur une étiquette collée sur la couverture et à l’intérieur tous les renseignements consignés par l’explorateur au sujet des objets collectés.

Et c’est ainsi que quelques mois plus tard, le catalogue Soleillet trouve place dans une vitrine de l’exposition nîmoise.

Vitrine Soleillet, salle de l’atrium, bibliothèque du Carré d’Art, Nîmes, janvier 2020. © J.-J. Salgon.

Commentaires

  1. Félicitations pour cette enquête et la détermination des limiers.
    Cela serait passionnant de feuilleter le catalogue et de savoir quels étaient les 211 objets collectés. De les voir? lls ont été disséminés sans doute…

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