un spectacle conçu et interprété par Dido Lykoudis, accompagné par Fitsum Minwalkulet, avec la complicité d’Hugues Fontaine
Les spectateurs sont assis autour d’une très longue table recouverte de nappes impeccablement propres. Comme pour une veillée mortuaire, un deges éthiopien. Des cierges, des lampes à huile, de l’encens, l’odeur du café qui brule, des birike, ces petits carafons ou l’on boit l’hydromel… Des gâteaux des morts, remontant au culte de Perséphone qu’on nomme kolivas, du tedj éthiopien, de l’ouzo grec, du café sont offerts aux spectateurs. Parmi eux, attablés, des comédiens, un conférencier, des musiciens et un danseur. Les comédiens lisent, en grec, en français, en amharique les échanges épistolaires de Rimbaud, ces lettres qu’il reçut des Grecs du Harar lors de son hospitalisation à Marseille. Ses lettres à sa mère aussi, comme un écho aux lettres perdues des Grecs. Le conférencier explique, replace le contexte de ces années que le poète passa dans cette géographie du monde. Le musicien joue avec son begeba et son massinko de la musique traditionnelle éthiopienne.
Un danseur portant la foustanella, cette jupe des guerriers grecs qui leurs permettant de courir plus vite sur les montagnes hellènes, tournoie dans un zeibekiko muet. Des écrans entourent les spectateurs et projettent des photos d’Arthur Rimbaud, des clichés d’époque, des cartes, des peintures éthiopiennes, mais aussi des extraits de poèmes et de lettres. Dans un entrelacement de langues, l’amharique, le grec, le français, l’italien et l’arabe, de sensations et d’émotions nous évoquons, tous ensemble, l’exil.
Dido Lykoudis est comédienne et metteuse en scène. Née à Addis Abeba ou elle passa toute son enfance et son adolescence, elle est grecque et éthiopienne.
Fitsum Minwalkulet est musicien.
Hugues Fontaine est réalisateur de film et photographe.