Le Syllabaire Abyssin

YVES-MARIE STRANGER nous parlera samedi 12 septembre à 14:00 de son Éthiopie où il a longtemps vécu. Le hall de l’atrium accueille dès aujourd’hui la présentation de son SYLLABAIRE ABYSSIN, récemment exposé à Addis Abeba, qui sont des formes de contes d’Abyssinie à la manière de Schwob, et sous la forme sibylline d’un fidélaire abyssin – (33 chapitres correspondant aux 33 symboles majeurs de l’alphasyllabaire g’eez). Entrée libre et gratuite.

Le Syllabaire exposé en plein air à l’Alliance éthio-française d’Addis Abeba.
Une partie du Syllabaire abyssin dans le hall de l’Atrium à Carré d’Art.

Le Syllabaire Abyssin. Un livre de Yves-Marie Stranger en exposition à Nîmes, en huit vies abyssines, avec :

ሀ፣ Lucy, qui ouvre le ban

ረ፣ Tshafi Calamawerk, faiseur de monde

ኘ፣ Zera Yacob, philosophe des lumières de l’Éthiopie

አ፣ Berhane Mogesse, régente perpétuelle au teint rose

ዐ፣ Rimbaud, bon commerçant, qui fit aussi des rimes

ጸ፣ Tintin, grand reporter

ፈ፣ Mengistu, bâtard de bâtard

ፐ፣ Elebat, qui ferme le ban

Deux extraits :

Vie imaginaire de Cornu de Lenclos

« Cornu – c’est ainsi que j’ai appris à l’appeler maintenant – aimait, me dit-il, à imaginer des fidels (les symboles du syllabaire abyssin), glissant lentement sur le paysage éthiopien – comme les ombres des nuages que l’on peut lire en négatif tout au fond du canyon du Nil Bleu. Il me disait encore, “tu comprends, c’est l’ombre que porte la langue qui fait résonner un territoire et la chair des hommes qui l’habitent – qui fait qu’ils sont uniques.” Il s’essayait parfois à en lire de l’amharique – lu par lui, les mots n’étaient reconnaissables que de ci et là, et projetaient des ombres comme autant d’insectes bariolés, de fleurs baroques – disons bis-cornus. Aujourd’hui, ce sont d’autres types d’idéogrammes qui se glissent sur le paysage éthiopien. Cornu m’avait dit à plusieurs reprises son désir de gravir le Mont Kaka. “On y fera de la pataphysique,” me disait-il. Ah – il faut bien être Français pour prendre de telles choses avec sérieux – et pour savoir les prendre à la légère. »

 Vie de Menfus Kiddus, Saint du synaxaire abyssin né en Anjou

« C’est sur la place de l’église, par un soir de mai où soufflait un vent chaud et odorant plein de bonnes choses, de fleurs et d’été approchant, qui lui sembla après coup et durant de longues années, comme étant un semblant de vent paraclet, que Jeannot entendit parler pour la première fois de la croisade des enfants saints qui étaient les enfants qui seraient sauvés et qui sauveraient par leur sacrifice les pécheurs de ce bas monde et les sortiraient par leur geste de la fange spirituelle dans laquelle ce monde vivait. Le prêcheur avait des joues roses et des yeux brillants, il scandait des paroles pareilles à celles de la Bible du curé du bourg, mais c’était mieux dit et avec conviction. Regroupés autour de lui se pressaient les enfants en voie d’être sauvés. Bien qu’habillés de haillons tout comme Jeannot, ils pressaient leurs petites mains bien ensembles, regroupés au pied du prêcheur qui était monté sur un baril de vin pour faire porter son message sur la petite place sale du village où se pressaient les pourceaux, les manants, leurs enfants mal nourris et les vieillards édentés. »

Plus d’infos : Uthiopia.com & YvesMarieStranger.com

Photographies Alexandre Moreigne.

Voir le reste du programme des 10-12 septembre.

Yves-Marie Stranger à Addis Abeba.

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