Linda Melan, responsable du Centre de documentation et d’Information (CDI) et Arnaud Lecoutre, professeur de technologie sont déjà sur le pont. Cécile et moi franchissons la porte, un peu émus d’être là. Cette matinée de préparation se déroule en mode effervescence. D’ici midi, il nous faut mettre en place le planning des classes en fonction des niveaux et des ressources proposées, s’organiser en fonction de la disponibilité des agents de la médiathèque et surtout décorer le C.D.I aux couleurs de l’évènement.

Les heures défilent à toute vitesse alors que le enseignants commencent à s’approprier la programmation. Les premiers rendez vous sont prévus à 15h30. Un large sourire s’affiche sur nos visages en voyant le planning de la semaine se noircir à vue d’oeil. Premier objectif atteint. Mais parallèlement, Linda s’inquiète des difficultés que les élèves vont rencontrer pour accéder au C.D.I.

C’est pas possible, Madame, le CDI y peut pas être fermé.

Comment on va faire pour prendre des livres.

Pour Linda, restreindre l’accés est un véritable créve coeur, d’autant qu’elle a réussit à y instaurer la pratique du quart d’heure de lecture. Un contrainte à laquelle nous devrons réfléchir lors de notre prochaine édition. Nous nous attelons tous pour disposer au mieux l’ensemble des ressources au sein de l’espace.

Midi pointe déjà son nez. Un certaine appréhension mêlée de joie m’envahit au moment d’inscrire le rendez vous d’un enseignant particulièrement intéressé par la thématique des pilotes volontaires qui se portent au secours de migrants en Méditerranée. Je me rassure en me disant que les ressources proposées vont dans le bon sens. Deuxième objectif atteint.

Nous n’étions pas au bout de nos surprises, car cette semaine allait être riche en surprises et en enseignements.

Après une lecture plutôt éprouvante mais immersive auprès des classes du Brevet d’Initiation à l’Aéronautique (BIA), la veille, autour des mois de galère vécues par Jean Mermoz au lendemain de sa démobilisation, c’est une invitation au voyage que nous proposons aux classes de 6ème et de 4ème.

Au programme : la légende de l’aéropostale avec le légendaire Henri Guillaumet ainsi qu’une lecture expliquée à deux voix autour de l’Oiseau Blanc : la rencontre de deux hommes, deux cultures, deux continents.

La magie des mots allait-elle fonctionner ?

Marie-Pierre et Malika, bibliothécaires de la médiathèque nous proposent chacune à leur tour un témoignage « embarqué » autour de leur lecture à voix haute.

LE VOL DE GUILLAUMET

Par Marie-Pierre

Mardi matin 8h. Accueil des 4ème.

J‘ avais décidé de lire un extrait des exploits de l’aéropostale : Le vol de Guillaumet et son accident. 8 heure me parait matinal pour commencer une lecture. Je devais m’entendre avec Cédric pour savoir si je lisais un petit documentaire sur l’évolution de l’aviation ou l’extrait sur le vol périlleux de Guillaumet sur la Cordillère des Andes.

Les élèves me semblent agités, le court extrait sur le doc me semble plus judicieux. J’interroge Monsieur Lecoutre : documentaire ou lecture ? ..doc ! Puis tout d’un coup changement de programme : lecture. Que s’est- il -passé ? Sans doute a-t-il perçu un changement dans l’attitude de ses élèves. Très bien, je me lance, il faut leur donner l’impression qu’ils sont dans le cockpit. Attachez vos ceintures ! Les élèves se taisent… écoutent. A la fin un doigt se lève : Madame, est ce qu’il meurt à la fin ?

Gagné ! Ils avaient envie de connaître la suite.

L’OISEAU BLANC

Par Malika

Une bibliothécaire qui n’est pas à l’aise avec la lecture en public à haute voix… « cela n’existe pas ! » me direz-vous !? Et bien si ! J’en suis la preuve vivante, l’exception qui confirme la règle. Alors, pourquoi suis-je aller m’embarquer dans cette « galère » ? Mais, parce que j’ai franchement été emballée par le projet… Et, quel projet ! Je porte un grand intérêt pour le public adolescent. Et, partir à sa rencontre au sein d’un établissement scolaire relevait d’un vrai challenge.

Et comme je ne regrette rien !

Une journée à forte valeur émotionnelle et riche en rencontres et en échanges ! Une journée placée sous le signe de la Bienveillance et de la volonté de « travailler avec ». Quel accueil chaleureux et constructif de la part de Madame Linda Mélan et de Monsieur Lecoutre ! Le matin : une co-animation avec Cédric autour de « L’Oiseau Blanc » d’Alex Cousseau (auteur) et Charles Dutertre (illustrateur)

Des temps de lecture à haute voix, à deux, devant des classes de 6ème, toutes les heures. Quel rythme ! Quelle cadence ! Un album pour enfants « en lecture » à des élèves âgés de 11-12 ans. Pourquoi pas ! Il n’y a pas d’âge pour les belles histoires ! et, ils ont adoré ! Ne pas bafouiller, les tenir en haleine, les amener avec soi dans l’histoire et l’Histoire, leur faire découvrir un illustrateur, leur faire comprendre la valeur-ajouté du mot Culture… quelle belle activité ! L’après-midi : des temps d’échanges autour d’images animées (docu et fiction).

Des classes de 4ème. Une prof d’anglais totalement « habitée » et trois heures totally in english… of course ! Et bien, grâce à cette belle personne, grâce à Cédric et Linda, j’ai eu l’immense honneur d’être témoin d' »interconnexions neuronales », de mise en marche de « matières grises ». Bluffant !

Un grand merci pour la confiance accordée et le partage de cette expérience !

A l’occasion de cette semaine aéronautique,  l’ensemble des collégiens a pu s’exprimer au travers d’un concours d’écriture et d’illustrations. Ces derniers ont répondu présents. Il se sont appropriés avec leurs mots et leurs dessins cette thématique. Entre poésie, exposé, illustration et rédaction, les cultures aéronautiques ont inspiré les participants. Une attention toute particulière s’est portée sur la qualité des dessins et l’expression écrite.

Parmi les lectures particulièrement appréciées, Le Petit Prince de Saint Exupéry perpétue son pouvoir d’attraction et d’imagination auprès du jeune public. Au travers de nos échanges, nous sommes interpelés par la façon dont les collégiens s’approprient l’oeuvre de l’auteur. Une fascination intacte et aussi captivante pour un livre écrit il y a presque 80 ans…

Toutefois une difficulté se présentait alors que la semaine touchait à sa fin : comment sélectionner les meilleurs réalisations ? Décision du jury : tout le monde à gagné. La douzaine de lauréats n’avait plus qu’à attendre une petite semaine afin de découvrir leur récompense.

Installé en plein coeur de la salle de technologie B3, le simulateur de vol est prêt à accueillir les premiers candidat(e)s. Un peu trop tôt, me dis-je, pour une expérience de vol virtuel, mais la motivation est un excellent carburant pour stimuler les neurones dés 8h30. Les premiers élèves, détachés de leur cours pour l’occasion, sont accompagnés individuellement puis accueillis par Mr Lecoutre. A tour de rôle, nous félicitons les lauréats de leur travail et les invitons à prendre place dans le cockpit.

L’immersion est totale. Commandes de vol identiques à celle d’un avion de tourisme, vue panoramique du tableau de bord, système sonore optimisé. Prêt au décollage. Une certaine tension est palpable au moment de prendre les commandes en main. Rapidement, les bons réflexes s’installent : écoute, observation, respect des consignes, maitrise de soi et des commandes de vol.

Après quelques réglages pour stabiliser l’appareil, les sourires s’affichent largement sur les visages : « Je suis à la manoeuvre « .

Compréhension, exécution, réalisation : des notions qui prennent tout leur sens bien au delà de cette expérience de simulation aéronautique.

Une matinée riche en émotions qui laissera sans aucun doute un souvenir vibrant dans le coeur de ces collègiens. Des vocations naissantes en perspectives..

Entre héritage et modernité, la culture aéronautique montre à quel point son pouvoir d’attraction est toujours aussi prégnant dans l’imaginaire que dans le quotidien des générations actuelles. Mais au delà de l’aspect exceptionnel et intense lié à la programmation, c’est bel et bien la traduction d’une vision commune qu’enseignants et médiathécaires ont réussi à initier et ainsi manifester une volonté de travailler ensemble en direction des adolescents. Un objectif commun : unir nos forces pour assurer la continuité éducative en s’appuyant à la fois sur nos domaines d’expertises professionnelles et l’envie de sortir de nos « zones de confort ». En laissant au vestiaire nos étiquettes respectives, le Centre de Documentation et d’Information s’est transformé, le temps d’une semaine, en laboratoire d’initiatives ludo-pédagogiques.

Cette rencontre aura permis d’engager une réflexion sur les actions menées en s’appuyant sur les ressources du collège et de la médiathèque. Elle a aussi mis en lumière la nécessité d’évoluer dans un cadre de travail flexible et réactif où chacune de nos interventions ont pu parfois ressembler à un spectacle d’équilibristes. Un équilibre qui a favorisé de nouvelles façons d’échanger avec les élèves autour des compétences du socle commun. Une aventure humaine et professionnelle sous le signe de la bienveillance.

Cela n’aura échappé à personne qu’il y aura un avant et un après…