Bienvenue à Rabaul

Au loin, je commençais à distinguer le relief et la végétation de ce coin de terre perdu au bout du monde. Cette affectation au 501ème escadron de patrouille maritime me remplissait d’un sentiment de fierté. Le service aérien de la marine impériale japonaise, fidèle à sa tradition, avait bien fait les choses. Les douze derniers mois passés à l’académie navale d’Iwakuni s’étaient avérés particulièrement passionnants et instructifs. Faisant offices d’instructeurs détachés, plusieurs vétérans de l’attaque menée sur Pearl Harbor nous prodiguaient leurs conseils avertis. Alors que l’archipel de Bismarck se dessinait à travers le hublot du Kawasaki, la vitesse avec laquelle le pilote s’engageait sur la piste suscita à la fois ma curiosité et de l’inquiétude. Ce n’est que plus tard que je compris que les procédures d’approche sur Rabaul avaient du s’adapter aux fréquentes attaques de l’aviation ennemie.

Lorsque le train d’atterrissage touchait le sol poussiéreux de la piste, je me remémorais notre première rencontre. Un premier contact particulièrement percutant contre le pare-chocs de sa Mercedes qui me valut quelques cotes luxées. Cette main tendue pour me relever de la chaussée humide restera à jamais graver dans ma mémoire. L’uniforme blanc, casquette visée sur la tête, celui que je connaitrais par la suite sous le nom de l’amiral Yamamoto, me sourit malicieusement tandis que je serrais les dents tout en retrouvant l’équilibre. C’est à ce moment là, alors que je retrouvais mes esprits, quelque peu sonné par le choc, qu’il s’adressa à moi :
Si vous savez aussi bien encaisser que çà, l’Aéronavale est faite pour vous !

La fatigue du voyage commençait à se faire sentir. A la sortie de l’appareil, je fus brusquement happé par une moiteur et un air suffocant. Une seule pensée occupait mon esprit : j’avais hâte d’en découdre. Une fois passé le contrôle par la police militaire, je scrutais l’horizon à l’infini. Une seule pensée occupait désormais mon esprit : j’avais hâte d’en d’écoudre